émotion
« A première vue, ce ne sont que deux bouches, collées, l’une à l’autre. Sauf que derrière ce baiser, deux langues se croisent, tournent et se mêlent. Choqués par ce baiser profond échangé en public par les Parisiens du début du siècle dernier, les touristes américains l’ont surnommé le “french kiss”. Mais le “french kiss”, ce ne sont pas seulement deux langues qui se touchent. Dans ce baiser, on atteint ce qu’il y a de plus intime chez l’autre. On y découvre comment celui-ci se donne, s’il est inhibé, sensuel, s’il met des émotions dans son acte… D’ailleurs, quand on vit mal ce baiser, c’est bien ce côté “intrusif” de la chose qui nous dérange. Et à l’inverse, quand on le vit bien, on se sent au plus proche de l’autre. Cela devient extrêmement chaleureux, parce que ce baiser exige un laisser-aller de part et d’autre. Il y a donc d’abord quelque chose de très émotionnel dans cet échange, qui aide largement à la création de l’intimité à deux. C’est ce qui explique, par exemple, que les prostituées manifestent leur désengagement affectif par un “j’embrasse pas”. Et puis, la bouche fait partie de la tête : c’est comme si c’était une partie de son âme, plus que de son corps, que l’on donnait dans le baiser, l’autre venant “puiser” avec sa langue… »