9 Juillet 2016
J’aime les baisers qui dévorent, ceux qui deviennent morsures. D’abord la douceur des lèvres, la première intrusion de la langue, timide et impérieuse, et puis le contact des dents, un peu brutal, exigeant. Seuls ces baisers m’emportent et font monter le désir en moi.
Lucie, 37 ans
Quand j’embrasse, je suis un vampire : je bois son souffle, sa salive, j’aspire sa langue, je mange ses lèvres, j’absorbe son essence vitale… Dans le baiser, la possession de l’autre est totale. Je ne peux pas embrasser de cette façon quand je ne suis pas fasciné par la femme que j’ai dans mes bras.
Stanislas, 24 ans
Le seul vrai plaisir est dans les jeux avec l’autre langue. Là, oui, c’est bon, c’est lisse, ça glisse, ça chatouille. Si l’autre s’y amuse aussi, ça peut très vite devenir excitant… En revanche, je fais tout pour éviter le contact avec les dents : ça, ça me refroidit aussitôt !
Pierre, 23 ans
Le baiser que je préfère, c’est celui du matin, un peu engourdi, encore chaud de la nuit. Il est terriblement sensuel.
Marie-anne, 40 ans
Je crois que je n’ai jamais su embrasser. Beaucoup de filles me le reprochaient quand j’étais plus jeune et aujourd’hui ma femme n’aime pas du tout que je l’embrasse. Je parle du baiser profond, avec la langue comme on disait quand on était petit. Il y a toute une subtilité qui m’échappe. Je suis, dit-elle, trop brutal. Alors je me contente de lui faire des bisous dans la journée ou de la lécher pendant l’acte sexuel, mais je ne l’embrasse plus. Je crois en fait que ça ne m’a jamais plu, même peut-être un peu dégoûté. Ceci expliquerait peut-être cela.
Bruno, 30 ans
Tous mes sens sont en éveil dans le baiser, le goût, l’odorat, le toucher… La première sensation c’est d’abord les lèvres qui s’effleurent, qui se cherchent et qui se frottent. Je sais que je m’approche de l’intimité de l’autre. Tout doucement, j’écarte ses dents, la langue trace son chemin timidement, comme pour tester, et si je me sens en confiance, je m’abandonne presque aussi totalement que dans la sexualité. On pénètre complètement dans l’intérieur de l’autre, on découvre son goût. Un peu fade. Le goût de la salive de l’autre. Lorsqu’on aime, rien n’est dégoûtant, même pas sa salive. Alors que jamais je ne pourrais “à froid” recueillir la salive de quiconque avec ma langue ! Il faut être en pleine confiance pour embrasser profondément. Je ressens la moindre réticence comme une gifle.
Clara, 45 ans
Ses baisers me manquent encore. Il m’embrassait en me tenant la nuque, nous fermions les yeux, sa langue taquinait mes lèvres et les entrouvrait doucement. C’était mon premier amant, mon grand amour, il est mort à la guerre en 1940.
Madeleine, 85 ans
Celles qui se demandent ce que ça fait de pénétrer une femme peuvent, selon moi, s’en faire une idée dans un baiser. En enfonçant lentement sa langue dans la bouche de l’autre, en se concentrant bien sûr chaque zone de contact – l’extérieur, puis l’intérieur des lèvres, sous la langue, le long du palais –, on a à peu près les mêmes sensations tactiles que dans la pénétration. Seul hic : la langue n’y prend pas autant de plaisir que…
Philippe, 38 ans
Il y a un goût chaud et humide, un peu comme celui de la peau quand elle a pris le soleil. Ça sent la chaleur moite sur la peau.
Eva, 34 ans
J’aime les baisers, le contact des lèvres, parce que ça sent bon la peau de l’autre. C’est comme embrasser la joue chaude d’un bébé qui vient de se réveiller. Ça me donne envie de les croquer !
Patricia, 31 ans
Quand j’embrasse une femme, c’est comme si je la pénétrais, un peu. C’est même plus intime que la pénétration sexuelle. Dans la vie, on a la sensation et le goût de sa propre salive en permanence, alors sentir la salive de l’autre, c’est presque une communion plus forte. Le sexe peut être hygiéniste, le baiser non. Je peux faire l’amour avec une femme qui me plaît à moitié, mais je ne peux pas l’embrasser.
Louis, 47 ans